L’apparition des smarts-contracts sur la blockchain Ethereum à donné naissance à une application particulièrement intéressante qui est maintenant implémentée dans presque toutes les applications décentralisées (dApp).
Il s’agit des DAO (Decentralized Autonomous Organization), des organisations autonomes décentralisées. Le principe est le suivant : les détenteurs du token ou d’un NFT de la DAO sont autorisés et invités à voter pour proposer des améliorations du projet ou protocole liée à cette DAO, le pouvoir de leur voix dépendant du nombre de token ou NFT en leur possession.
Les pays et territoires qui les premiers sauront proposer des cadres réglementaires adaptés à ces nouveaux acteurs bénéficieront d'une avance décisive. Et dans cette course future, la Polynésie Française a une carte stratégique à jouer.
Origines et histoire des DAO
A. Création de la première DAO
C’est en 2016 que fut créée la première organisation autonome décentralisée sous le nom de “The DAO”.
Cette organisation agissait comme un fonds d’investissement décentralisé. Les détenteurs du token étaient appelés à voter des décisions par rapport à des achats ou des ventes.
Malheureusement, jeunesse du secteur faisant, The DAO fit l’objet d’un hack, celui-là même qui amena Ethereum à son premier fork (bifurcation de la chaîne) pour lui donner la physionomie qu'il a aujourd'hui.
B. Exemple de DAO
En dépit de ce faux départ, les investisseurs et pionniers du sujet ne s'arrêtèrent pas là. Fort de cette expérience, un très grand nombre de DAO a vu le jour. Certaines, célèbres dans l’écosystème, sont toujours en activité et gèrent même désormais plusieurs millions, voire milliards de dollars.
On peut citer notamment MakerDAO, l'organisation à l’origine du protocole qui émet le stablecoin DAI.
Dans un tout autre domaine, l'APE Coin est le token de gouvernance de la DAO du même nom créé à l’origine pour donner une exposition liquide aux NFT Bored Ape Yacht Club. Les décisions sont prises pour l’achat et la conservation de NFT.
Il existe encore beaucoup de DAO actives dans de nombreux domaines, le lending (prêt) comme Aave, les Dex comme Pancakeswap avec le Cake ou encore les play to earn comme Axie infinity avec son jeton de gouvernance, le SLP.
Le projet polynésien FenuaVerse fonctionnera également avec une DAO
L'expansion vers le monde réel
Ces organisations sont restées internes aux blockchains pendant plusieurs années mais depuis récemment, elles commencent peu à peu à avoir un impact sur l’économie dite “réelle”.
Par exemple, certaines de ces DAO emploient des prestataires pour effectuer certaines tâches inhérentes au bon fonctionnement et à l’évolution de leurs protocoles. C’est le cas du protocole Aave.
Cependant il demeure compliqué, voire impossible pour ces DAO de créer des emplois stables ou d’installer des infrastructures physiques pour leur développement, en raison notamment du manque de statut juridique qui permettrait de les catégoriser.
Il semble évident que beaucoup de ces organisations se tourneront vers les pays leurs proposant un statut clair, précis et avantageux pour le déploiement dans le monde physique, réel, hors blockchain et web3.
A ce titre, l'expérimentation menée actuellement aux Iles Marshall est des plus intéressantes. Ce petit territoire du Pacifique a en effet mis en place le premier cadre juridique permettant à des DAO de disposer d'une personnalité morale.
Ce faisant, les Iles Marshall prennent de l'avance sur le sujet, et se préparent à capturer une partie de la croissance du secteur Web3 et crypto.
A. Quels avantages à accueillir et reconnaître les DAO ?
L'avantage d'accueillir les DAO est bien évidemment que ces organisations d'un nouveau genre sont de puissants vecteur d’emploi et de croissance pour les pays qui les accueilleront.
Cependant il faudra établir les cadres juridiques indispensables, afin de protéger les collaborateurs et les investisseurs mais aussi les clients ou utilisateurs des protocoles sous-jacents.
B. Quels statut donner à ces organisations ?
La question du statut est importante car c’est la base même d'une relation de confiance entre les autorités et les organisations, permettant une pérennité des activités de celles-ci.
En effet, seule une véritable lisibilité réglementaire et fiscale est de nature à permettre un développement harmonieux et sain, à la fois des DAO, mais également du tissu social et économique dans lequel elle s'inscrivent et qu'elles ont vocation à servir.
Il faudra également anticiper des DAO qui pourraient se créer localement, pour la gestion de capitaux et d’investissement mais aussi celles fonctionnant en tant qu'organisations à but non lucratif. Taxer de la même façon une DAO dont le but est l’'enrichissement des investisseurs et une DAO œuvrant pour l’écologie, l'éducation ou le soutien aux plus vulnérables ne fait aucun sens.
C. Perspectives d’avenir des DAO en Polynésie Française
Les DAO sont un des secteurs du Web3 sur lequel la Polynésie Française serait en bonne position en tant que leader de l’innovation.
En effet, son statut d’autonomie et sa fiscalité douce pourraient être parfaitement adaptés à l'établissement et/ou l'accueil de telles organisations sur le Fenua.
Les DAO n'en restent pas moins un sujet nouveau à approfondir et qui ne demande qu'à murir, en bonne intelligence avec les acteurs plus traditionnels (qui gagneront d'ailleurs à les intégrer progressivement à leur propre fonctionnement).
L’expansion des nouvelles technologies est inévitable, comme la mise en place de telles organisations dans le monde.
Le sujet n’est donc pas de les combattre et bien au contraire, d’en tirer le maximum d’avantages et de profits. Créer un échange et de la richesse aussi bien financière que culturelle. Ce sujet devra inévitablement être abordé, Les dirigeants devront cependant prendre du recul et agir avec méthode et prudence, avant d'arbitrer sur le statut de ces organisations nouvelles.
Comments